Télétravail, retour d'expérience
J’ai passé environ 5 ans en télétravail à temps complet (de juillet 2011 à mai 2016), voici mon retour sur cette situation.
Pourquoi ?
Chez mon employeur, j’ai travaillé les 2 premières années au bureau.
Je m’y rendais à pied (à peine plus de 5 minutes porte à porte), ça me laissait le temps pour rentrer manger à midi et profiter de mon premier fils (le second n’était pas encore là).
Je m’entendais (et m’entends toujours) super bien avec mes collègues, l’ambiance y est plutôt détendue et tout s’y passait bien. Il n’y avait aucune raison, pour moi, de ne plus travailler au bureau.
Mais, des problèmes de santé de ma douce nous ont contraints à devoir quitter l’Île de France pour regagner le Sud (je ne m’étalerai pas sur les détails, ce n’est pas le sujet).
J’ai parlé de ma situation (familiale) avec mon chef, puis avec le boss, et on s’est mis d’accord pour un fonctionnement en télétravail (au départ j’étais allé les voir dans l’optique de faire une rupture de contrat …).
Bref, ils m’ont pris un laptop, on a signé un avenant et en avant Guingamp Avignon !
Comment ?
En tant que développeur Web, il me suffit d’un ordi, une connexion aux Internets mondiaux, un coin pour me poser et du café pour pouvoir bosser.
Au niveau matériel ça s’est très facilement réglé… Même si j’ai dû réquisitionner une pièce de la maison pour être « mon bureau » (avec gardien et chien à l’entrée ! 😀).
Organisation/communication
En revanche, c’est au niveau organisation/communication que ça a été un peu plus funky.
Lorsque la décision a été prise de me passer en télétravail, on s’était dit, qu’on ferait une période de test/rodage de quelques semaines avant que mon déménagement pour pouvoir se caler…
Mais, pour des raisons de « tête dans le guidon » (ambiance startup avec toujours un truc à faire), on n’a pas spécialement trouvé le temps et celui-ci (le temps) est rapidement passé pour atteindre la date de mon déménagement.
Du coup, on a eu un (long) moment d’adaptation dans l’organisation de mon travail… Je lui courrai fréquemment après (téléphone, emails) pour obtenir mes prochains projets/tâches à traiter.
Depuis, les choses ont énormément évolué : on a désormais des chefs de projets, un outil de ticketing et on travaille en méthode Agile.
Pour résumer, j’ai toujours de quoi m’occuper sans avoir besoin de courir après les gens.
Quand j’ai commencé à télétravailler, nous avions convenu que j’irai au bureau au moins 3 jours par mois, pour :
- voir mes collègues (oui, c’est important)
- faire quelques indispensables réunions
- former et partager avec mon équipe
Ce rythme de la visite mensuelle a parfois été « un peu » zappé, il y a eu à plusieurs reprises des périodes d’absence de plusieurs mois (2-3 mois max), mais depuis 1 an c’est vraiment régulier.
C’est une sorte de rituel désormais :
- Achat des billets de train (chez les excellentissimes petits gars de Train Line (ex-Captain train…))
- Séjour francilien chez des amis (plus convivial que seul dans une chambre d’hôtel)
Le daily scrum
Depuis quelques temps, nous travaillons en méthode agile (Scrum), du coup on fait le « daily scrum » chaque matin.
Pour faire court, le « daily scrum » est une courte réunion (10-15 minutes) où chaque membre de l’équipe de dev passe en revue ce qu’il a fait la veille, ce qu’il a prévu de faire dans la journée et les problèmes rencontrés.
Cette réunion matinale est un gain appréciable de ces derniers mois. Elle me permet d’être informé des projets en cours, de ceux à venir et de situer mon travail par rapport à la boite et au reste de mon équipe.
Le daily scrum permet également aux chefs de projets d’avoir une vue sur l’avancée des projets et les éventuels ajustement de planning à prévoir.
Horaires
Dans un souci d’équité et de cohésion de l’équipe de dev, je travaille aux mêmes horaires que tout le monde.
S’imposer des horaires de travail s’avère indispensable en télétravail, sinon on peut vite déborder (dans un sens comme dans l’autre).
Je ne parle pas forcément d’horaires « classiques » (du style 9h-18h), mais ça peut être des horaires décalés.
Le tout étant d’avoir un rythme et un cadre séparant travail et vie privée.
Famille
Côté famille, il a également fallu un temps d’adaptation. Le plus compliqué étant de faire comprendre aux enfants que papa est à la maison, mais pas à la maison.
Qu’il est là, mais pas disponible …
A la maison h24
Alors oui, il faut être capable d’être à sa maison quasi 24h/24, ce n’est pas forcément évident pour tout le monde et même pour moi ce n’est pas évident tous les jours.
Pour pouvoir supporter cette situation, il faut être en mesure de séparer (physiquement et mentalement) le travail et la vie privée, dans les 2 sens :
- Ne pas aller regarder l’écran du boulot (mail, etc …) quand on a décidé que la journée de travail est terminée
- Ne pas roder dans le salon ou autour du frigo quand on est « au travail »
Auparavant, je m’enfermais dans le bureau pour éviter d’être dérangé, je m’isolais physiquement pour me sentir au travail. Désormais ce n’est plus nécessaire car j’ai gagné en concentration et ma famille (femme et enfants) respecte vraiment bien le fait que je travaille et ne soit pas disponible.
Avantages
- Je profitais de ma petite famille (les repas ensemble à midi sont une excellente coupure)
- Je mettais 10 secondes à me rendre de la maison au bureau (oui, mon couloir est long et souvent jonché de jouets)
- Même en me levant à l’heure d’embaucher, je pouvais être à l’heure
- Je pouvais choisir mon environnement de travail (ce qui m’a permis de passer à un standing desk)
- Je pratiquais également de temps en temps la « power nap » pendant la pause repas, chose qui n’est pas toujours possible (ou bien vu) quand on est au bureau
Et accessoirement :
- Je n’avais pas à partager la bande passante, c’étais tout pour moi
- Je bossais où je le souhaite (bureau, salon, terrasse)
- Je pouvais mettre la musique dans mes haut-parleurs (à fond si ça me chante), c’est plus agréable qu’un casque
- Je choisissais le café (ou thé) que je voulais boire
- Je pouvais quitter mon poste en laissant ma session ouverte sans la moindre crainte !😉
Inconvénients
- J’étais seul au boulot (les emails et Skype aident bien, mais c’est quand même loin d’être parfait)
- Pendant 3 jours (parfois c’est une semaine) par mois, je devais partir loin de ma petite famille
- Je ne pouvais pas traiter certaines opérations (intervention hardware, etc …)
- Certaines opérations pouvaient être laborieuses (restauration BdD locale, merges SVN, notamment…)
- Il n’était pas toujours évident de dissocier le bureau et la maison (oui, le bureau était entré dans la maison)
- Les remarques (familles, amis et collègues) du genre « Ah mais t’es à la maison en fait, c’est cool. Et tu bosses des fois ? » …
Et plus légèrement :
- Je n’avais pas d’excuse pour être en retard (transports, grèves, toussa …)
- Je ne pouvais pas participer aux batailles de Nerf
- Je ne pouvais hacker la session de personne !🙁
Quelques lectures
Vous trouverez d’excellents conseils et retours dans les livres de 37 Signals, qui sont des spécialistes du télétravail :
- Remote [En] (« office not required ») Il traite uniquement du travail à distance (d’où son titre « Remote ») sous tous ses aspects, que ce soit du point de vue de l’employé comme de l’employeur (ainsi que la vision sociétale du travail).
- Rework [Fr] (« réussir autrement ») qui lui traite plus de l’organisation du travail (horaires, réunion, etc…).
Je vous conseille également d’aller jeter un oeil sur zevillage.net qui fait un énorme travail de veille et conseil autour du télétravail et du coworking.
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